C’est un soir illuminé et grondant. Les éclairs déchirent le bleu opaque et ils s’écrasent sur le sol. La nuit est sèche et dense, bruyante et lourde. Au centre de ce chaos idyllique, un antique chêne est en feu, l’orage l’a traversé de part en part. C’est un vétéran fier et droit qui ne s’est sûrement jamais senti si vivant ; tandis que la résine s’accroche à ses feuilles, camaïeu splendide rouge et vert, ses souvenirs épais suintent de son tronc et s’en vont nourrir la terre. Autour de lui se joue alors une symphonie lente et délicieuse ; les spectres de sa mémoire dansent, s’embrassent et se réunissent. Le vieillard majestueux se transforme, s’étend, s’entend. Il écoute tendrement le crépitement des flammes ; la beauté de l’embrasement le transporte. Devenir quelque chose d’autre, disparaître sous les feux d’une prière à la nature et aux astres.
PHÉNOMÉNALE
Forêt présentée, féérie inventée
Hommes marchant, fées volant
Petit monde vivant, sautillant, galopant
Nuage du village ascendant, vers le ciel
A l’aide de leurs petites ailes
Barrière du village, immensité du royaume
Prison du réel, liberté du rêve
Séparé de l’Homme
Le monde féérique se lève
Couleurs chaudes,
Rouge, jaune, orange,
Notre village incendié
Aux premiers abords, lorsque l’on regarde cette peinture, on ne comprend pas, alors on cherche, on regarde au plus profond de notre être et on se demande ce que ça pourrait représenter pour nous. Et puis on se rend compte qu’il y en a quatre pour un. Ah, tiens, comme quatre saisons. Alors on pense Printemps, Eté, Automne, Hiver dans cet ordre-là. Chacun à une époque et un moment de la journée différent.
Alors on se dit qu’il faudrait y réfléchir, au temps qui passe, d’un tableau à un autre, une saison est passée.
En fait, un peintre peut jouer avec le temps. Dans tous les sens du terme. C’est assez drôle quand on y pense. Juste une peinture comme ça peut nous faire réfléchir à ce point.
